Le burnout parental, un syndrome qui peut concerner tous les parents
Le burnout au travail est une maladie qui est largement médiatisée dans notre société contemporaine. Le burnout parental est, quant à lui, un syndrome qui reste encore bien méconnu. Cela s’explique probablement par le fait que cette affection est un concept relativement récent puisqu’il a commencé à être mentionné dans la littérature au début des années 1980. De plus, ce n’est qu’en 2010 que des chercheurs démontrent que le burnout parental ne concerne pas uniquement les parents ayant des enfants souffrants d’une pathologie chronique. (Roskam et coll., 2017). Le burnout parental n’apparaît pas pour l’instant dans les manuels de classification médicale. Pour autant, il concerne 6,5 % des parents (Roskam et coll., 2021, cité dans Guillier, 2022).
Le burnout parental est un syndrome qui se manifeste à travers plusieurs symptômes. En premier lieu, les parents sont confrontés à un épuisement. Il s’agit d’une sensation d’affaiblissement généralisé qui impacte l’aspect physique, émotionnel et mental du parent. Il s’agit d’un ressenti singulier qui est vécu au quotidien de différentes manières chez les personnes concernées. Certains parents peuvent rencontrer de grandes difficultés, voire une incapacité pour se lever. D’autres auraient envie de dormir plusieurs jours de suite. Il ne s’agit pas d’une simple fatigue, mais bien d’un épuisement majeur. L’énergie n’y est plus.
Toutefois, les parents continuent d’assurer leur rôle bien souvent de manière mécanique (Mikolajczak et Roskam, 2018). Ensuite, les parents qui sont confrontés à un burnout parental peuvent instaurer une « distance affective » avec leurs enfants. Il s’agit d’un éloignement involontaire. Les parents ont toujours de l’affection pour leur enfant, mais n’arrivent plus à la manifester comme par le passé. Ils n’ont plus les ressources pour le faire. Les personnes concernées par un syndrome de burnout parental sont également surmenées mentalement. Ils n’éprouvent plus de joie à assumer leur fonction de parents. Les parents ont la sensation d’être beaucoup trop sollicités. Ce n’est pas les enfants qui sont concernés par ce ressenti de surmenage, mais plutôt le rôle du parent. Enfin, les parents souffrants d’un burnout doivent faire face à un sentiment de « contraste ». Le parent concerné perçoit qu’il n’est plus le même pour assumer son rôle au quotidien. Il fait la comparaison entre ce qu’il était, ses aspirations et ce qu’il est devenu. Les parents qui sont dans cette situation ressentent de la culpabilité et de la honte (Mikolajczak et Roskam, 2018).
Le fait d’être confronté à burnout parental a des répercussions sur l’équilibre familial et sur la santé de la personne concernée. Une grande majorité de parents concernés par le burnout rencontre très souvent des troubles du sommeil. En outre, un stress subit de manière prolongée à un impact sur les défenses immunitaires. Ce qui augmente de manière significative la tension artérielle. Un stress qui perdure trop longtemps favorise l’apparition de maladies cardiovasculaires et de troubles digestifs par exemple.
Le burnout parental peut avoir des conséquences importantes en termes santé mentale et peut engendrer la survenue de troubles de l’humeur telle que la dépression. Pour essayer de tenir bon face à ce syndrome, les parents peuvent avoir également recours à différentes substances et/ou peuvent devenir dépendants aux jeux d’argent. Il est également possible que les parents se réfugient dans le travail. Il peut être constaté que les personnes en burnout parental ont une tendance à être plus « irritables » et davantage en « colère ». Il convient de mentionner que le degré de cette irritabilité dépend essentiellement de l’aptitude de la personne à réguler ses propres affects. Chez les soignants, il a été démontré que le burnout pouvait engendrer de la « négligence » ainsi que des comportements violents sur le plan physique à l’égard de leurs proches. Enfin, un burnout parental peut également accroître les problèmes de couple et fragiliser une union. Au vu de son épuisement et ses difficultés quotidiennes, le parent en burnout peut souhaiter ardemment fuir la situation. Dès lors, les conflits peuvent être de plus en plus fréquents. Il peut y avoir moins de désir intime pour le partenaire (Mikolajczak et Roskam, 2018).
En ce qui concerne les facteurs de risque d’un burnout parental, ils sont en général multiples. Ils peuvent être définis comme étant des attributs ou des événements qui accroissent les possibilités qu’une personne soit confrontée un jour à un burnout parental. La survenue d’un tel syndrome peut s’expliquer par facteurs propres à une personne comme « le genre », « le niveau d’éducation » ; « la personnalité » ; « les compétences émotionnelles » et « le perfectionnisme dysfonctionnel ». Cette pathologie du burnout parental peut être aussi liée à des causes externes comme « le profil d’attachement » (Roskam, 2020). Des recherches ont démontré que les parents qui présentent un attachement de type évitant ou ambivalent ont plus de probabilité d’être confrontés un jour à un burnout parental (Mikolajczak 2018, cité dans Roskam 2020). Les croyances et les représentations de la personne vis-à-vis de sa fonction de parents sont également un facteur à prendre en considération. Par ailleurs, lorsqu’une personne devient parent, elle doit s’approprier une nouvelle identité. Cela peut prendre un certain temps, être difficile à assumer et engendrer beaucoup de stress. Ce processus fait référence à la « restriction de rôle » Roskam, 2020).
Sources :
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